Philippe Etchebest : le chef qui pose le genou
peoplepar Bader
Le chef étoilé Philippe Etchebest a participé à notre rubrique Une Star Un Slider. Le but : lui apprendre à poser le genou au guidon de la moto de ses rêves : une BMW S 1000 RR. Bader en a profité pour papoter avec lui un moment. Ça parle de sa non-passion pour tout ce qu’il entreprend, son utilisation quotidienne de la moto, ses préférences pour les grosses et de son défi.
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Le défi
PERSONNALITÉ
Meilleur ouvrier de France, 2 étoiles au Guide Michelin, champion Midi-Pyrénées de Boxe catégorie poids-lourds, rugbyman, batteur… Bref, tu touches vraiment à tout.
Ouais, j’aime ça. Cette diversité fait partie de mon équilibre. J’ai tendance à répéter que je suis passionné de rien, même de mon métier, mais par contre j’aime tout. Et tout ce que je fais, j’essaie de bien le faire.
Alors là , t’es en train de dire que t’es pas passionné de cuisine.
C’est vrai. Je ne suis pas passionné de cuisine. J’ai fait ce métier par facilité, parce que mes parents étaient restaurateurs, mon père était chef. Je voulais faire sport-étude et la vie a fait que j’ai pu cumuler le sport et la cuisine. J’aimais travailler avec mon père mais ce n’était pas une passion. Ce n’est pas ce qui m’a fait choisir ce métier.
Je suis pas quelqu’un de doué, mais j’arrive à mes objectifs par le travail, par ma volonté et ma ténacité.
Quand tu penses à tous ces chefs qui rêvent d’avoir ne serait-ce qu’une étoile, et toi en tout facilité, t’arrives et tu dis ça… Incroyable… C’est facile pour toi ?
C’est jamais facile. C’est beaucoup de travail. Faut juste imaginer que pour réussir, c’est du travail, des efforts… Il faut aussi savoir se faire mal. Je pense que je fais des efforts comme tout le monde pour y arriver et rien n’est facile. Je suis pas quelqu’un de doué, mais j’arrive à mes objectifs par le travail, par ma volonté et ma ténacité.
Tu as exactement le même fonctionnement pour tout ce que tu entreprends : un esprit de compétition, le sport, quoi que tu fasses ?
C’est un défi. Je me lance des défis. Alors après c’est vrai que tout ce que je fais, je ne le fais pas pour les autres. Je le fais pour moi. Uniquement pour moi.
Il faut penser à soi, se faire plaisir. On le retrouve après dans le travail et le résultat est là .
Donc tu n’es pas altruiste, contrairement à ce qu’on pourrait croire d’un chef étoilé.
Je ne fais que les choses pour moi. Pour me faire plaisir et pour atteindre un objectif. Maintenant, ce que j’explique souvent aux jeunes… Parce que notre métier c’est de la transmission. On a souvent tendance à leur dire : « Faites plaisir aux gens. » Moi je dis : « Non, non, les gars, faites-vous plaisir d’abord. Pensez à votre gueule. Le plaisir se transmet, s’il passe pas par vous, ça ne marchera jamais ». C’est pour ça qu’il y a une certaine façon de penser qui est importante. Il faut penser à soi, se faire plaisir et on le retrouve après dans le travail et le résultat est là .
En fait t’es en train de me dire qu’aujourd’hui tu viens, mais tu t’en fous de nous. Tu viens juste pour te gaver.
Pour me faire plaisir et m’amuser. Puis c’est un challenge. L’état d’esprit dans lequel je suis maintenant : j’ai la petite boule au ventre. C’est quelque chose que je vais découvrir, même si je fais de la moto depuis des années. C’est quelque chose que j’ai jamais fait et pour moi, c’est super excitant.
SON UTILISATION DE LA MOTO
Alors, parlons un peu de moto : d’où te vient cette passion ?
Qu’est ce que je t’ai dit ? Je ne suis pas passionné. T’écoutes rien.
Ah oui, pardon.
Écoute ce que je dis, c’est important pour la suite, d’accord ? Sois attentif… (rires)
Bon, d’où t’es venue cette « non-passion » pour la moto ?
On peut parler de plaisir. Le plaisir de la moto, l’outil en lui même, l’objet… J’ai toujours apprécié les belles motos, la mécanique… Même si j’y connais rien.
Ça nous fait un point commun.
Je crois que la première moto sur laquelle je suis monté, je devais avoir 12 ou 13 ans… C’était une Yamaha 50 Special Trial. Je sais pas si tu vois, les blanches et rouges.
J’ai toujours apprécié les belles motos, la mécanique… Même si j’y connais rien.
Je crois que j’étais pas né. Avec tout le respect que je te dois.
Non non, t’étais pas né, je te le confirme. C’était la première moto sur laquelle je suis monté. Après j’ai essayé une XT 500, toujours Yamaha, avec le kick… Et le bon retour.
Celle qui te brisait le tibia en deux si tu te loupais…
C’est ça, le retour de kick. Bam. En fait, j’ai passé mon permis en 88, quand je suis parti travailler à Paris. Parce que je savais qu’à un moment donné j’allais circuler à moto, en voiture c’était hors de question à Paris.
C’est une transmission familiale ? Un pote à toi ? Comment ça s’est passé ?
Ouais, c’était un copain. C’est quelque chose qui me plaisait aussi. C’était un moyen de circuler librement et facilement, sans contrainte ! C’est pratique la moto. Il y a cette sensation, l’adrénaline, la vitesse, qui me plait aussi, forcément. Donc tout ça mélangé fait que tu te mets très facilement à la moto. Et depuis 88, je roule à moto régulièrement. Ça veut pas dire que je suis un expert hein !
L’adrénaline, la vitesse, ça me plait aussi, forcément.
Tu fais combien de kilomètres par an ?
Je dois faire à peu près entre 8 et 10 000.
Pas mal, étant donné que tu passes le plus clair de ton temps en tournage avec Top Chef, Cauchemar en Cuisine ou au resto.
C’est vrai que je prends aussi beaucoup l’avion et pour les gros déplacements en famille, la voiture, évidemment. Mais la moto je m’en sers au quotidien, en ville notamment, quand je vais bosser, même en déplacement à l’aéroport.
SES MOTOS
Je crois savoir que tu as quand même roulé sur des daubes infâmes.
Alors, la première c’était un Honda Transalp. Facile pour se faire la main. J’ai eu une Yamaha 850 TDM, très bonne moto. Puis ensuite, Yamaha 1000 GTS. Le truc improbable, qui n’a pas marché. Moi, j’en ai eu deux.
Tu persistais.
Je persistais. Mais ce mono-bras devant avec ce disque de bagnole, ça m’impressionnait. Ça avait de la gueule, c’était un rail le truc !
Yamaha 1000 GTS. Le truc improbable, qui n’a pas marché. Moi, j’en ai eu deux.
Pourquoi tu en as eu deux ? T’en as plié une ?
Parce que j’ai changé au bout d’un an et demi. J’avais beaucoup roulé, je faisais beaucoup de route et beaucoup d’autoroute à l’époque je me rappelle. T’es calé dessus. Après, je suis assez physique, j’aime bien sentir un truc entre les jambes, tu vois ! Il faut que j’ai quelque chose, que j’ai de la matière… Je suis un tactile.
On parle de moto là  ?
Bien évidemment ! Pour ça, la GTS me correspondait parfaitement.
Puis tu es passé chez BMW.
J’ai eu le coup de cœur pour BMW. Il y a eu une évolution, c’est vrai, de la marque par rapport au look des motos. J’ai commencé avec une K 1200 S grise et rouge, assez jolie.
Faut le dire vite, mais oui. Pour BMW c’était pas trop dégueu…
C’est mon avis personnel, mais il y a le côté sécurité de la moto, fiabilité aussi… J’aime bien.
Fabrication allemande. Solide, fiable, simple, pragmatique.
Exactement, c’est ce que je demande d’abord à une moto, en plus de l’esthétique. Et c’est vrai qu’ils ont fait des progrès à ce niveau. Puis, j’ai eu un K 1200 R.
Donc un gros roadster 4 cylindres 1200 cm3. 150-160 chevaux.
Ça allait bien ça…
Alors ça marche bien mais c’est vrai que c’était encore un gros tank.
Pareil.
Ce que je demande d’abord à une moto, c’est d’être pragmatique, en plus de l’esthétique.
En même temps t’es un beau bébé, tu fais quoi, 1 mètre 80 ?
1 mètre 80, 97 kilos.
Faut le déplacer le morceau…
Et t’aurais dû me dire : « Ça se voit pas ». Ça m’aurait fait plaisir.
Mais je ne le pense pas. Je vais pas te mentir.
En vrai, t’as les boules…
Ouais, je suis gaulé comme un Tuc moi à côté.
Parmi toutes les motos que tu as eues, laquelle t’a marqué ?
BMW R 1200 GS Adventure.
Moto de grosse cylindrée la plus vendue dans le monde.
Il n’y a rien d’original tu vas me dire hein…
Mais à la fois, elle est parfaite.
Voilà . Tu fais tout avec ça. J’en ai eu 4.
LE DÉFI
Aujourd’hui, ton défi, ça a été de choisir d’abord la moto que tu voulais, et ensuite de poser le genou avec en virage. Et tu as choisi une BMW S 1000 RR. La sportive suprême chez BMW. Pourquoi ce choix ?
Parce que pour moi, ça fait partie de l’évolution BMW. Je pense qu’il y a quelques années de ça, ils auraient jamais sorti un truc comme ça.
C’est la renaissance de BM.
C’est le renouveau. Il y en a eu une autre, je pense à la HP4, qui est une belle moto sportive. Mais celle-là je pense effectivement que c’est la modernité de BMW.
autant aller au bout des choses…
Tu n’as jamais piloté un truc pareil.
Ce sera la première fois.
200 chevaux. 200 kilos. De l’électronique de partout. Une des motos les plus nerveuses de la production. Ton défi c’est de poser le genou, tu me prends un truc de fou !
Écoute, autant aller au bout des choses…
Ah ben là c’est sûr, tu vas aller au bout des choses… C’est bien que tu fasses beaucoup de sport parce que tu vas galérer.
C’est physique ?
Ah ouais. Ouais. À l’Allemande.
Mais j’aime bien…
Plus c’est dur, plus tu apprécies quand tu y arrives.
Heureusement que tu as l’habitude.
Si j’ai pas cette sensation d’effort, de physique, j’ai l’impression de ne rien faire.
On en reparle à la fin de la journée. Tu seras content quand ce sera fini !
Justement, la satisfaction sera d’autant plus grande ! Plus c’est dur, plus tu apprécies quand tu y arrives.
Monte dessus pour voir.
C’est bien.
Alors les pieds, plus en arrière, sinon ça va frotter dans les virages. Attends, fait voir de profil… Ouais, c’est ridicule hein.
Moi ou la moto ?
Toi, sur la moto. Sur ce genre de machine, pour ne pas se fatiguer, ce qui est essentiel, c’est de ne surtout pas se servir des bras.
Pourtant je suis en appui sur les bras.
– C’est ridicule.
– Moi ou la moto ?
– Toi, sur la moto.
Imagine qu’il faut 0 poids sur les bras. T’as des abdos ? Ils sont planqués.
Ouais, gainage.
Ouais, serrer la moto. Et surtout, surtout, pas mettre de poids sur l’avant. Tu ne vas pas arriver à le faire au début… C’est normal. Mais bon. Chaque chose en son temps.
En fait, tu dois être constamment gainé pour appuyer le moins possible sur l’avant de la moto. Y a une méthode à avoir, qui n’est pas la mienne, qu’il va falloir que j’apprenne.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Philippe Etchebest a bien appris. Après avoir enchaîné plusieurs tours au guidon de la BMW S 1000 RR, le chef a pris confiance. Un pilotage agressif, autoritaire et de belles prises d’angle lui ont permis de poser le genou au sol en milieu d’après-midi. Encore une corde à l’arc de cet homme à tout faire.Â
Propos recueillis par Bader Benlekehal – Saison 01 – RMC Découverte – Épisode 01