Mathieu Kassovitz : sans la peur
peoplepar Bader
À l’occasion de notre rubrique Une Star, Un Slider, Mathieu Kassovitz nous a accompagnés sur le circuit du Paul Ricard. Objectif : lui faire poser le genou au guidon de la moto de ses rêves. Et il n’a pas choisi n’importe laquelle : une Kawasaki H2R, la moto la plus puissante du marché. Il raconte à Bader son expérience à moto, la perte de son permis et les raisons de son choix complètement déraisonnable.
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Ses débuts à moto
Son utilisation de la moto
La H2R
SES DÉBUTS À MOTO
Bon Mathieu, parle nous un peu de ta passion pour la moto, comment t’as démarré ?
J’ai commencé très tard. Je vivais dans les années 2000 aux États-Unis, à Los Angeles. J’ai toujours eu envie de faire de la moto, mais j’avais jamais passé mon permis, j’avais jamais fait de 125, rien du tout…
Tu avais quel âge ? 50 ans par là ?
Ouais, j’avais 62 ans déjà (rires). Je suis tombé sur un mec qui refaisait des Kawasaki Z 1000 des années 70, celles qu’il étaient dans Mad Max. Je lui ai dit que ça m’intéressait. Il m’a fabriqué une moto pendant un an, qui était une moto incroyable.
Tu as commencé sur une moto comme ça ?
J’ai pas eu le temps de commencer sur cette moto parce qu’elle n’a jamais été vraiment prête. Elle était trop violente, très mal réglée. Le jour où elle a enfin été bien réglée, je suis parti aux États-Unis pour rouler avec, avec mes potes. Mais j’ai eu un problème avec mon passeport. Alors on m’a renvoyé en France. Mes copains sont partis et mon pote, qui avait fabriqué la moto, est mort sur sa moto. Donc j’ai récupéré deux motos : celle sur laquelle il était mort et la mienne.
Je suis plus un intellectuel qu’un sportif : j’ai découvert le sport vers 40 ans.
Tu sais que tu casses un peu l’ambiance de l’interview là ? Comment t’es venu cette passion, globalement ?
J’ai jamais été très sports mécaniques, tout ça. Je suis plus un intellectuel qu’un sportif : j’ai découvert le sport vers 40 ans. Je m’y suis mis et j’ai découvert la machine, la technicité pour réussir à la maîtriser… J’aime beaucoup tout ça !
Du coup, tu as eu ton permis à quel âge ?
J’ai eu mon permis à 40 ans. J’ai tout de suite commencé par des 1200 cm3, par des gros trucs.
SON UTILISATION DE LA MOTO
Justement, ta première moto, c’était quoi ?
J’ai commencé par une BMW R 1200 RT. Celle que tout le monde a pour faire du Paris. J’ai serré 2-3 moteurs avec. En fait, je voulais un ABS. Ça me rassurait sur une grosse moto. J’ai pas commencé par le 125, 250, 500, 600 et après 1000 cm3. Je suis tout de suite monté sur des motos trop lourdes pour moi.
Combien de motos tu as eu en tout ?
5 ou 6.
Ma première moto était une R 1200 RT.
Et celle qui t’a le plus marqué ?
Le K 1200 R de chez BMW. C’est un rail.
Un gros roadster très lourd, mais un 4-cylindres qui arrache.
C’était magnifique. Dans Paris, c’était malgré tout un vélo. Basse. Très très homogène. Une belle moto en plus ! Puis, j’ai perdu mon permis.
Comment t’as fait ?
Bah un point par un point…
Non ! Point par point t’a réussi à perdre tes 12 points ?
J’ai pas fait de gros trucs, j’ai perdu 3 points d’un coup, maximum. Puis après c’était des petits trucs…
Pourquoi t’as attendu et pas fait un stage de récupération ?
Parce que suis pas un PD. Je fais pas les choses à moitié. (rires)
T’es pas PD mais t’es con par contre.
Ouais un peu. Donc j’ai continué à rouler sans permis, comme un imbécile, je me suis fait choper.
Comment ?
Bah comme un con. Tu te fais contrôler, t’as pas ton permis…
Et ça passe pas quand tu dis : « Je suis quand même Mathieu Kassovitz »
Ça passe encore moins. Donc il faut juste le temps de le repasser, que je n’ai pas. Mais je vais le faire.
Du coup tu te déplaces comment ?
Ben là j’ai acheté des vélos électriques et skates électriques. Et je kiffe.
Mais c’est pas homologué ce truc ?
Si, si. C’est considéré comme une moto électrique, quasiment. Il faut une plaque et tout.
Mais tu l’as pas…
Ah si. Tu me verrais dans Paris : j’ai un casque intégral et une plaque. (rires)
Je m’amuse, mais je fais pas n’importe quoi.
Paris pour toi c’est que en 2-roues.
À Paris la voiture c’est plus possible…
Comment tu te comportes d’ailleurs en ville sur une moto ?
Très mal. Parce que tu joues… Là j’avais une Mégamoto HP2. C’est un espèce de gros supermotard…
Avec un flat-twin.
Ça fait 170 kilos. Mais c’est assez grand. Quand tu commences à la maîtriser, dans Paris, c’est un vélo. Tu t’amuses… Je fais jamais de trucs imprudents, du style passer au orange, à la limite… Je fais plus ça.
Justement, ta plus grosse frayeur à moto, c’est quoi ?
Bah ça va être tout à l’heure (rires). Non, je ne me suis jamais fait de grosse frayeur à moto, j’ai jamais fait n’importe quoi. J’ai eu trop de copains qui ont eu des accidents pour savoir que le moment entre ça passe et ça passe pas, c’est pas bon. Tu le fais une fois ou deux, mais tu passes à côté d’accidents trop graves.
T’es quand même réfléchi dans ta manière de conduire.
Oui, très. Très. Très. Très. Je suis prudent, mais par contre j’avance. Je m’amuse, mais je fais pas n’importe quoi. J’ai 20 ans de deux-roues à Paris, j’ai fait du scooter, du vélo, de la mobylette… Je connais les bases des petits accidents à Paris. Tu peux déjà te faire super mal à 30 km/h.
LA KAWASAKI H2R
Ici, on est au circuit Paul Ricard. On va essayer une Kawasaki. C’est toi qui as choisi ta moto. Tu m’as appelé, et tu m’as dit : « Bon, on m’a dit que tu pouvais avoir la moto que… »
Non, tu m’as appelé ! Tu m’as laissé un message en disant : « Je t’amène sur circuit, on va rouler au Castellet, tu peux choisir la moto que tu veux. »
Et tu m’as rappelé. Tu t’en foutais de qui j’étais, tu m’as juste dit : « Toi, on m’a dit que tu pouvais m’avoir la moto que je voulais. » J’ai dit oui. Et là, tu m’as dit comme un gosse : « Je veux une H2R ! » Je t’ai dit « OK, mais t’es sûr ? ». Parce que le défi aujourd’hui, c’est quand même de poser le genou. Et toi, tu m’as demandé une moto qui fait 320 chevaux !
Mais j’avais pas compris qu’on était sur le petit Paul Ricard (NDLR : le 1,8). Donc, ça va être plus compliqué…
Je sais que c’est la moto la plus folle qui existe.
Non mais ça change rien : le défi c’est de poser le genou et toi tu choisis une moto qui prend quasiment 400 km/h en vitesse de pointe, le truc le plus puissant de la production.
Je me suis dit : « Je pourrai poser le genou au bout de la ligne droite à 320… » (rires)
Tu penses que tu vas arriver à poser le genou ?
Écoute on va essayer, on va faire le maximum.
Tu flippes ?
Ouais, je flippe.
Parce que tu n’as jamais conduit un truc aussi puissant ?
Je sais que c’est la moto la plus folle qui existe. C’est la plus folle que j’ai eue entre les mains. Il faut avoir énormément de respect, sinon elle va te tuer.
Je compte sur toi parce que t’as la réputation d’être un peu sanguin… Même si t’as beau dire que t’es réfléchi.
Non mais je suis sanguin avec un mec comme toi, parce que je risque rien. Mais avec un truc comme ça, je vais fermer ma gueule.
Bon, on va voir à quoi elle ressemble ?
Voilà la bête. 216 kilos. 326 chevaux. C’est la machine la plus puissante du marché. C’est la seule qui a un compresseur.
J’ai vu ça… Magnifique. Vraiment une belle bête.
Alors, comment elle fait pour développer cette puissance : elle avale une quantité astronomique d’air, qu’elle comprime avec une turbine pour booster l’air dans le moteur. Et là, tu atteins des vitesses phénoménales. Franchement, t’es couillu. Parce que pour le défi qui nous attend aujourd’hui, choisir ça c’est complètement con !
Non mais quand je t’ai dit que je voulais ça, tu m’as dit « Ouais, ouais, ouais ! Pas de problème ! »
Il faut avoir énormément de respect, sinon elle va te tuer.
J’ai une demande, je veux te faire plaisir. On sait recevoir.
Écoute mec, elle a des ailes la moto. Qu’est ce que tu veux demander de plus ?
Tu sais à quoi ça sert ? Ce sont des appuis aérodynamiques.
Ouais, pour poser la moto au sol.
À partir d’une certaine vitesse, cette moto a besoin d’être stabilisée.
Et elle prend combien de poids, avec les appuis, à 200 km/h ?
Je sais pas, ne me demande pas devant les caméras. Je vais me prendre la honte.
Bon, on va parler de trucs plus larges… Pas trop techniques.
J’espère que t’es pas trop sensible des oreilles…
Non.
Parce que ça crache pas loin de 130 décibels. C’est le décollage d’un airbus.
On la démarre ?
Tu veux ?
T’es calmé ? C’est impressionnant hein ?
Non, je suis pas calmé, ça m’énerve !
T’énerves pas trop parce que d’abord, on va apprendre le circuit…
Au final, le pilotage de Mathieu était vraiment impressionnant. Il ne se pose aucune question et, malgré son peu d’expérience sur circuit, il s’est montré extrêmement rapide. Il a touché le genou au sol très rapidement, allant même jusqu’à le poser dans différents endroits du circuit. Tout ça au guidon de l’une des machines la plus violente au monde. Respect.
Propos recueillis par Bader Benlekehal – Saison 01 – RMC Découverte – Épisode 02