Vincent Lagaf’ : motard depuis toujours

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par Bader

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Vincent Lagaf’ est bien sûr connu pour ses qualités de présentateur télé. Aujourd’hui, il vit de sa passion : faire découvrir les sports extrêmes au plus grand nombre. Il était donc logique qu’on l’invite dans notre rubrique Une Star Un Slider, pour lui apprendre à poser le genou à moto au guidon d’une Suzuki 750 GSX-R.

 

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Le défi

SES DÉBUTS À MOTO

Alors Vincent, raconte nous un peu la moto dans ta vie. C’est quand la première fois que tu as posé tes fesses sur une bécane ?
Avant tout, je voudrais savoir qui est-ce qui nous a piqué tout le mobilier là ? Parce qu’on a commencé l’interview on était chez toi, et là d’un coup il y a plus que le canapé…

Je suis désolé c’est les cousins, ils ont tendance à venir sur les tournages et…
Sur la vie des yeux du chien, présente moi les cousins ! (rires) La première moto que j’ai eu c’était une ‘bylette. T’as quel âge toi ?

32 ans.
T’as connu le 103 Peugeot ?

j’avais un 103 Peugeot, ce qui m’intéressait, c’était le franchissement. Le trial.

Oui.
T’as connu ça toi… Donc j’avais un 103 Peugeot, ce qui m’intéressait, c’était le franchissement. Le trial. J’habitais à Aix en Provence, au pied de la Sainte Victoire. Et de chez moi, je voyais la croix de la Sainte Victoire. Je m’étais toujours dit : « Un jour, je monterai là-haut avec la mobylette. » Donc j’avais enlevé les pédales, mis des cale-pieds, un grand guidon, un plateau à l’arrière (démesurément grand, que j’avais mal vissé), un pot banane, un moteur flottant, la chaîne qui se baladait… Et je suis monté à la croix.

Incroyable. Mais on t’a menacé ? C’était un pari ?
Non, tu sais, déjà tout petit j’étais drogué hein… (rires)

pour mes passions, je suis vraiment très solitaire.

T’avais quel âge ?!
14 ans ! Non, mais c’était pas un pari. J’ai toujours été un peu un ours, un peu loup, solitaire. J’aime bien faire mes trucs tout seul. Bon, j’ai une vie publique. Je me donne au public. Mais pour mes passions, je suis vraiment très solitaire. Même actuellement, j’ai 57 ans et je passe des journées complètes dans mon garage à démonter un truc pour essayer de comprendre comment ça marche.

SES LOISIRS EXTRÊMES

J’ai fait une école de mécanique agricole et de soudure, je voulais être diéséliste.

Je crois que t’es le premier invité de High Side à être aussi passionné. Tu fais du quad, du buggy, du jet-ski, de l’hélicoptère, du fly board…
J’adore tout ce qui a des pistons et qui peut se régler à la clé dynamométrique. Je suis un fou de l’outillage. J’ai un garage qui pourrait être un garage pro. Tout ce que je peux faire sans toucher aux garanties, je le fais moi-même. J’ai fait une école de mécanique agricole et de soudure, je voulais être diéséliste. Ça m’a vachement aidé par la suite, pour faire de la télé… (rires) Cela dit, je suis vachement content d’avoir fait de la mécanique car aujourd’hui, j’ai plus à me faire escroquer par les mécanos. Je fais le gros entretien moi-même. C’est vraiment un truc que j’adore. Le moteur à explosion, que ce soit 2-temps ou 4-temps, a toujours été un truc qui m’a fait vibrer. J’ai un super bateau, qui vaut une fortune mais que j’ai payé 3 Francs 6 Sous car je l’ai quasiment fait moi-même, avec un pote qui m’a aidé. On est allé acheter les moteurs aux États-Unis, on les a importé dans le cul d’un pick up dans un conteneur pour pas payer les taxes…

Parle nous un peu de ça justement, je crois que t’es assez pote avec Zapata.
Ah, plus que ça ! On a même été rivaux. On a été sur les mêmes lignes de départ en championnat du monde de jet-ski. Mais surtout, c’est un sorcier de la mécanique. C’est un mec qui n’a pas le BEPC, mais qui est capable de créer des engins de folie. Donc ouais, mon virage à 180°, c’est d’avoir eu envie de vivre de ma passion. Avant, mon métier me permettait d’assouvir ma passion et maintenant je vis de ma passion. Et surtout, j’arrive à transmettre cette passion à des gens totalement lambda.  J’ai fait voler 1500 personnes l’été dernier.

on peut faire beaucoup de sports mécaniques, sans du tout abimer la nature.

Avec le fly board c’est ça ? Cette planche, connectée à la turbine d’un jet-ski qui projète de l’eau et t’envoie dans les airs.
Exactement, on met de l’eau sous pression et on fait grimper les gens. Maintenant j’essaie de développer un peu tous les sports mécaniques nautiques. Car à Cavalaire on a la chance d’avoir un maire qui a compris qu’il fallait encore sauvegarder quelques endroits où les Verts n’avaient pas mis le pied. Pour moi, l’écologie est une très très grande hypocrisie et on peut faire beaucoup de sports mécaniques, sans du tout abîmer la nature. De toute façon, on abîmera toujours moins la nature que certaines lignes de TGV ou aéroports, etc. Donc j’ai pu mettre ma passion au service du grand public. C’est un grand kiffe de voir les gens partir avec la banane en disant : « J’ai fait du fly board avec Vincent Lagaf’ ».

SON RAPPORT À LA MOTO

Et la moto à côté de ça du coup, c’était quoi pour toi ? Un moyen de transport ?
J’y suis venu petit à petit. Le succès aidant, j’ai pu avoir les moyens de m’acheter des jolis jouets. Et c’est vrai que quand je faisais des One Man Show, jouais au théâtre et que je faisais La Classe, c’était un peu compliqué de se déplacer dans Paris en voiture, et j’ai jamais aimé le métro. Le premier truc que j’ai eu, c’était une Go Ped : une trottinette avec un moteur 2-temps. Parce que j’avais pas le permis moto à l’époque.

j’ai toujours été un petit peu en marge de la loi…

Mais c’est récent ça non, la Go Ped ?
Ah non, c’est vieux… Moi j’ai toujours été un petit peu en marge de la loi et la première moto que j’ai eue, je l’ai conduite sans permis… Mon producteur m’avait dit : « Écoute Vincent, franchement, que tu roules en moto, c’est pas grave, mais que tu ne sois pas assuré, c’est grave. Donc passe le permis. » Alors j’ai passé le permis avec Philippe Monneret, qui a très vite compris que la moto, c’était une formalité. Le plus dur c’était d’apprendre le code de la route… Donc voilà, j’ai mis mon cul sur une moto pour pouvoir accéder rapidement aux salles de spectacle.

Tout simplement ! Et c’était quoi la première moto ?
C’était une Kawasaki 900 Ninja. Je suis passé de la 103 Peugeot à la 900 Ninja… J’avais aussi eu une Kawa H2, une Bol D’or, une 750 Four…

T’as eu tout ça sans avoir le permis ?!
Ouais… J’ai roulé 15 ans sans permis.

Tu sais que la H2 on l’appelait « la faiseuse de veuves » ? C’est une moto de la mort…
Tu m’étonnes… 3-cylindres deux-temps avec des gros tambours comme ça…

Ça freine pas, mais ça pousse.
Ah si, ça freinait. Enfin non, ça freinait pas, ça bloquait. Tu mettais les fourches en butée…

T’as roulé avec des engins comme ça, sans permis… Incroyable !
J’ai eu une 500 Maico… Un 250 Hercules, des BPS… Au début, j’avais les Malaguti, les Caballero, les Gitane Testi…

Des trucs qui marchent quant même !
J’ai toujours été attiré par la vitesse. Toujours. Et j’ai toujours 12 points à mon permis.

Je conteste toutes mes amendes. Par principe. Même le stationnement.

Je crois qu’il se passe un truc dans cette rubrique, c’est que tous les invités ont 12 points à leur permis… Donc soit vous êtes tous des gros mythos, soit il y a un truc que j’ai pas compris parce que je me fais flasher tous les deux jours… Comment vous faites ?
D’abord, je conteste tout. Mais tout. Par principe. Même le stationnement. Par contre, quand j’ai un retrait de permis, c’est un retrait. On me prend le permis on me dit : « Monsieur, appelez votre gardien qu’il vienne chercher votre bagnole. » Là, la voiture avec laquelle je suis venu, mon gardien l’adore : il la conduit très souvent ! Je me fais carrément péter le permis.

Donc c’est cyclique, ça t’arrive régulièrement…
Ouais, tous les 2-3 ans. Mais là par contre c’est pour des bonnes raisons. La dernière fois : 247.

En même temps c’est quoi, une Aston Martin V12 ?
Ouais mais c’est surtout une full carbone. Il n’y en a pas beaucoup… Elle est toute en carbone. Et 247 km/h. Les motards, fous furieux. « Vous avez pas vu qu’on vous faisait des signes ?! » « Ah moi à 247 monsieur, je regarde la route… » 10 bornes ils m’ont suivi ! (rires)

SA MOTO ACTUELLE

Avec tous ces engins de mort que tu as eus, c’est laquelle qui t’a le plus marqué ?
Je crois que c’est celle que j’ai actuellement. Ça fait 10 ans que je l’ai et dès que j’ai la possibilité, je fais une petite bricole dessus. C’est un V-Rod Night rod.

Ah ouais, c’est cool ça !
C’est un moteur Porsche, un moteur allemand. C’est pas Harley.

C’est la seule Harley qui prend des tours.
Zone rouge à 9 000, ça rupte à 11 500…

Première, seconde, troisième… Qui veut… Après, j’ai peur.

T’es à ras du sol en plus, elle est hyper basse, t’as une position vers l’avant.
Ouais et je l’ai vraiment faite comme j’en avais envie, elle est vraiment à ma taille. C’est-à-dire, pour Passe Partout. (rires) Je l’ai bricolé pour que ce soit un Café Racer : faire la course d’un bistrot à l’autre, en ligne droite.
Mon kiffe, c’est de me mettre au feu rouge de la Foux et d’attendre une Japonaise. Parce que première, seconde, troisième… Qui veut… Après, j’ai peur. Et qu’en ligne droite, parce qu’après j’arrive pas à prendre de l’angle. J’ai fait ça avec Laurent de Deep South à Cogolin, qui est un sorcier de la mécanique. C’est le mec qui fabrique des Harley-Davidson. Il part d’un moteur, un 1340 cm³ existant et il fabrique les bécanes. C’est lui qui m’a dit : « Tiens, on va faire ça, on va faire ça… » Puis on a tellement mis de chevaux qu’on pétait les courroies, donc on a mis un kit-chaîne, et maintenant on arrive à couper les vilebrequins.

Avec la force du moteur ? Mais qu’est-ce que vous avez fait ?
Déjà, elle a été réalésée plusieurs fois et on n’est pas loin de 250-260 chevaux, sur un truc qui est quand même un peu lourd…

J’ai jamais exhibé mes jouets… Je commence avec parcimonie.

Mais ça sert à rien.
Ah non, rien ! Donc c’est totalement indispensable. Non, c’est le kiffe d’avoir ça sous une bâche dans le garage. Parfois les gens viennent en disant : « Mais pourquoi tout est bâché dans ton garage ? » J’aime bien avoir des trucs que les gens ne savent pas. Et bien souvent je roule avec et on ne me reconnaît pas parce que j’ai un casque… Je m’exhibe pas du tout. J’ai jamais exhibé mes jouets… Ça fait peu de temps que je commence à divulguer avec parcimonie ce que j’ai. Avant, jamais j’aurais dit que j’avais une Aston. Parce que je ne voulais pas me la péter, et puis c’est vrai que la vie est difficile, alors j’ai pas envie de faire de jaloux.

T’as pas loin de 60 berges, ce que t’as tu l’as mérité…
J’ai payé mes impôts, j’ai fait travailler beaucoup de monde, je continue avec ma nouvelle activité à faire bosser des gens…

LE DÉFI

Je suis venu ici à l‘époque où il y avait le Bol d’Or.

Tu as accompli énormément de choses, mais il y a un truc qui te manque…
Oui, et pourtant, depuis le temps que je fais de la moto… Je suis venu ici à l‘époque où il y avait le Bol d’Or.

Fin des années 90.
J’ai campé ici avec toute l’équipe de potes qu’on était. J’ai toujours été impressionné par les mecs qui posaient le genou par terre. Rayer le slider. Ça a toujours été un truc qui me faisait envie.

T’as jamais eu l’occasion d’essayer ?
D’abord je n’ai jamais eu la technique, j’ai jamais eu l’occasion de me retrouver dans une situation où j’allais pouvoir le faire. La seule fois où je l’ai fait, c’est quand je suis tombé. Mais là, j’ai tout touché : le genou, le coude, l’épaule, le casque…

Le défi du jour c’est quand même ça.
Je veux que mon slider soit rayé.

J’ai tout cassé dans ma vie. Je fais vraiment partie de ces mecs qui ont fait énormément de séjours aux urgences.

Écoute, en théorie ça devrait passer. En général, les invités choisissent leur moto mais toi tu m’as dit au téléphone : « Casse moi pas les couilles, choisis ce que tu veux, du moment que c’est facile. »
Bah oui, tu m’as dit : « Viens avec la tienne ! » Mais je me suis dit que le Night Rod, ça allait pas le faire. C’est le repose pied qui touche avant de toucher quoi que ce soit… Alors je t’ai dit : « Je te fais confiance. Parce contre, la condition sine qua none c’est qu’en ce moment je n’ai pas le droit de me faire mal. » J’ai tout cassé dans ma vie. Je fais vraiment partie de ces mecs qui ont fait énormément de séjours aux urgences.

Je comprends.
Et là, aujourd’hui, j’ai tellement de trucs en marche que je peux même pas me faire une entorse. Si je me pète la clavicule, t’as intérêt à courir. Vite et longtemps.

En théorie ça ne devrait pas arriver et pour ça je t’ai pris une Suzuki GSX-R 750, avec des bons pneus. C’est facile, efficace, bas. Tu veux qu’on aille la voir ?
Tu me présentes ?

C’est la 750. Pile le milieu entre la 600 et la 1000. C’est un compromis parfait entre l’agilité et la puissance. 150 chevaux et un petit peu moins de 200 kilos. Tu as déjà conduit un truc comme ça.
Ouais, j’en ai eu des trucs avec la tête dans le guidon. Il y a un moment que je n’ai pas mis mon cul là-dessus.

Ben vas-y, je t’en prie ! Je t’ai pas posé la question, mais t’es plutôt souple comme gars ?
Au niveau du “déhanchage” ?

Ouais, par exemple…
Ouais, si, si, ça va le faire. C’est vrai que c’est assez léger.

La position est pas trop agressive. T’es pas trop sur l’avant… Tu m’as demandé quelque chose de facile.
Je veux jouer, je veux m’amuser, je veux pas me faire mal… L’embrayage est souple. C’est bien.

Tu veux la démarrer ?

Bon, on va aller s’équiper ! Mais avant de monter dessus, on va faire une petite formation sur quelque chose de beaucoup plus…
Ouais, avant de se déformer, on va se former.

Sur plus petit.
Ah, avant de monter sur un cheval, tu vas me faire monter sur un poney.

Plus petit qu’un poney encore.
Un caniche ?

Une sorte de caniche…

Malgré la tension physique liée à l’enjeu de son défi du jour, Vincent a enchainé les tours avec constance, jusqu’à naturellement poser le genou au sol en fin de journée. Le tout en faisant autant de blagues que l’on peut attendre d’un mec de son calibre. Pas mal pour un mec de 57 piges ! 

Propos recueillis par Bader Benlekehal – Saison 01 – RMC Découverte – Épisode 05